jeudi 3 février 2011

UN GRAND SAC PAS REGARDANT

Il est vrai : j'ai un grand sac.
Ce sac est parfaitement imperméable. Au départ, il était taillé dans une feuille de nénuphar. Mais l'étanchéité n'était pas parfaite. Je m'en suis aperçue au bout de quelques jours, à mes dépends.
Voyez vous, quand on vit en pleine nature, il faut savoir se battre pour se nourrir. J'ai vite appris. La récolte des têtes de poissons est fatigante, aussi ai-je ce fameux sac où j'entrepose mon butin. Au bout d'une petite vingtaine de têtes je considère que je peux me reposer un peu.
Ni le corps, ni la tête ne m'intéresse. La tête seule compte et je m'en régale. Mais les yeux se crèvent parfois, le cristallin se répand en une odeur nauséabonde qui attire les ragondins.
Après avoir subit les assauts d'un de ces mammifères au sourire dissuasif (ce qui m'a coûté un pourpoint de géranium) il m'a fallu céder mon premier sac en nénuphar pour garder la vie sauve.
Par conséquent, mieux vaut oublier l'espoir de me voir un jour vous offrir mon nouveau grand sac, celui dont vous avez repéré l'existence. Il est parfait, en peau de lézard, et je l'ai enduit avec soin d'une substance alchimique répulsive et anesthésiante.
Je vous l'ai dit. Les yeux sont ma passion. Je vous adjure d'y goûter. C'est d'une finesse incomparable
Marion LUBREAC
Consommatrice immodérée de regards en tous genres

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