jeudi 3 février 2011

TOI AUX ORTEILS VOLANTS

Quand il était enfant, il volait sans prévenir, pour un oui, pour un non, pour un éclat de rire.
Ses parents ébahis tentaient de retenir ses élans farfelus.
- Reste au sol, mais voyons ! Pense aux gens qui regardent !
Sa mère exténuée tentait de l’attraper. Elle nouait à sa cheville un fin ruban de soie mordoré au moment de sa toilette.
Ainsi chaque fois qu’il riait ou que son esprit lui faisait pousser des ailes, chaque fois pouvait-elle le ramener au sol. Elle l’enfermait dans le couscoussier qu’elle avait aménagé tendrement à son intention.
Devenu adulte, il s’envole tout autant. Le ruban n’est plus là pour sa sécurité. Alors chaque matin se coiffe-t-il d’une passoire. Un ustensile en métal bien couvrant, pour diffuser ses idées folles avec, tout de même, une certaine mesure.
Mais jamais ses chevilles n’effleurent le sol.

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