Il avait cassé un à un les miroirs, détesté les reflets, jeté la clef de toutes les portes.
A présent, il vivait en reclus, dans une armoire blindée.
Un coffre fort.
Aménagé un peu comme un bureau : une lampe, un ordinateur portable, un litre d’eau.
Il feignait d’être mort, prétendait avoir mangé son âme, au petit déjeuner. N’être au fond, qu’une dépouille.
A chacun, il disait :
-« Voilà pourquoi je vis ici. Enroulé sur moi-même. Au nid de ma carapace.
Ma légère dépouille en frémissant au vent, tenterait de chantonner, de luire, et de prendre des idées d’arc-en-ciel !
Je refuse le vent !
Me ris de la lumière !
Je veux entrer en Terre et ne plus en sortir. »
Mais un jour, l’elfe est venu.
Elle,
Papillon délicieux et rieur.
Eblouissante fleur cristalline…
…L ECRASER !
Bonne idée !
De son bloc de papier il l’a vite assommée.
Puis il a regretté, l’a vite réanimée.
-« Papillon, papillon ! Tu m’agaces bien plus, paré de ton silence ! »
Fleur de soie ouvre un œil, puis elle ouvre les deux. Malicieuse et mutine, elle entoure le bougon de ses ailes fragiles. Souffle sur ses cheveux, emplit ses yeux de rêve. Il entend sa chanson dans chacun des baisers qu’elle picore. Et il sent fondre en lui son aigreur et sa hargne.
-« Envole toi, charmant papillon ; ma lourde carapace m’a amarré au sol.
Chagrin du papillon,
Pâleur des ailes
Envol, gracieux, vers la lumière…
La dépouille du rôdeur d’ombre s’est parée d’arc en ciel.
Des plumes irisées ont poussé sur sa nuque.
Il regarde le ciel, du trou de sa serrure.
Peu à peu, il oublie son rêve de papillon et s’engourdit, dans un sommeil de mort.
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